L’école française réussit aux élèves les plus favorisés

Quels enseignements peut-on tirer des enquêtes PISA quant aux différences de réussite entre élèves issus de milieux sociaux différents ?

« Le niveau de compréhension à l’écrit des élèves de 15 ans dépend fortement de leur milieu social. Année après année, la France figure parmi les pays où l’écart entre élèves très favorisés et très défavorisés est le plus grand.

 

En France, les élèves de milieux très favorisés obtiennent un score moyen de 550 aux épreuves de compréhension de l’écrit organisées par l’OCDE1, bien plus que la moyenne des élèves du même milieu pour l’ensemble de l’OCDE, qui est de 534. Ceux de milieux très défavorisés obtiennent 443, score comparable à la moyenne internationale des élèves très défavorisés (445). Avec l’Allemagne, la Hongrie, la Suisse et la Belgique, la France est l’un des pays où l’écart de ces scores entre les milieux sociaux du haut et du bas de l’échelle est le plus important : il est de plus de 100 points. En Italie, en Norvège ou au Japon, l’écart est de l’ordre de 70 points.

Il faut utiliser les enquêtes « Pisa » menées par l’OCDE – très médiatiques – avec une grande prudence. Elles ne portent que sur une petite partie du niveau scolaire. Elles n’évaluent pas la maîtrise de la langue du pays (comme l’orthographe), les langues étrangères, l’histoire-géographie, ni bien d’autres domaines. L’indice de niveau social utilisé par l’OCDE est constitué d’un savant mélange de critères qui vont du niveau de diplôme des parents (déclaré par l’élève) au confort sanitaire de leur logement. Le niveau moyen ne tient pas compte de l’ampleur des inégalités sociales au sein du pays lui-même.

Reste que les enquêtes internationales se répètent et indiquent toutes la même chose depuis plusieurs décennies : la France appartient au club des pays où les inégalités sociales exercent la plus grande influence sur les parcours scolaires. Cette mauvaise position s’explique par un grand nombre de facteurs qui sont connus : faible taux d’encadrement, apprentissages très académiques, évaluations à répétition, dévalorisation des élèves qui échouent, etc. Les enquêtes de l’OCDE montrent que l’école française est formatée pour les enfants des parents diplômés : ils obtiennent les meilleurs scores au niveau international au détriment du niveau global (tous milieux confondus) qui se situe dans la moyenne et surtout du niveau des élèves des milieux les moins favorisés. Au fond, la logique même du système éducatif français nourrit les inégalités, dans une grande indifférence politique. »

1. L’évaluation, connue sous le nom de « Pisa », concerne les élèves âgés de 15 ans dans un très grand nombre de pays du monde. Données 2018. Voir la page du site de l’OCDE consacrée au programme Pisa : https://www.oecd.org/pisa-fr/