Portrait-robot des riches

Comment peut-on définir le groupe des "riches" ? Quelles sont les caractéristiques sociales des "riches" dans la société française actuelle ? Cet article permet d'esquisser le "portrait-robot" d'une catégorie sociale aux contours parfois flous.

Qui sont les 10 % les plus aisés ? Des cadres supérieurs ou des indépendants aisés, quinquagénaires ou sexagénaires, plutôt en couple sans enfant à charge. Généralement propriétaires de leur logement, ils vivent plus souvent en région parisienne.

 

« Qui sont les riches ? Le mystère reste entier car les éléments de définition manquent. En cherchant bien, on trouve tout de même des données sur ce que l’Insee appelle les "hauts revenus"1. Même s’ils datent (2014 et 2015), nous avons repris les chiffres disponibles sur ceux que nous appellerons ici les « riches », la tranche qui va des 10 % au 1 % le plus aisé et les « super-riches », celle du 1 % du sommet.

L’institut fournit d’abord quelques informations sur les caractéristiques démographiques des hauts revenus. Le niveau de vie des individus s’élevant généralement avec l’âge, les riches sont logiquement plus vieux que la moyenne de la population. Les 50-59 ans représentent 24 % des riches ainsi définis et 26 % des super-riches, contre 18 % parmi les 90 % les moins aisés. Les 60-69 ans, respectivement 23 % et 29 % contre 17 % des 90 % du bas de l’échelle. Après 70 ans, les choses changent. La part de cette tranche d’âge est à peu près la même chez les riches que dans le reste de la population.

Il s’agit d’une répartition des ménages non des personnes.

Lecture : 24 % des ménages riches et 26 % des ménages super-riches ont une personne de référence âgée de 50 à 59 ans. C’est le cas de 18 % des ménages situés parmi les 90 % les plus modestes.

Source : Insee – Données 2015 – © Observatoire des inégalités

 

Les couples sans enfant sont surreprésentés parmi les riches et les super-riches : respectivement 38 % et 37 % sont dans cette situation alors que ce type de ménage représente 23 % des 90 % restants. Les femmes seules et les familles monoparentales sont les moins bien représentées chez les riches.

Plus âgés, les hauts revenus sont aussi plus souvent propriétaires. C’est le cas de 82 % des riches et de 86 % des super-riches contre 56 % chez les 90 % du reste de la population. Bizarrerie française : 2 % des riches sont des locataires du logement social. La notion de "logement social" est très large en France et, visiblement, les offices HLM maintiennent dans les lieux des personnes qui n’ont plus de raison d’y être.

Les classes aisées vivent beaucoup plus souvent en Île-de-France que le reste de la population. 32 % des riches et 42 % des super-riches sont franciliens, contre 16 % des 90 % des ménages les moins aisés. 10 % des premiers et 21 % des seconds habitent à Paris contre 3 % pour le reste des ménages. Cette région concentre les pouvoirs administratifs, politiques et les sièges sociaux d’entreprise et donc les hauts revenus.

Enfin, l’Insee diffuse des éléments sur le milieu social des hauts revenus, mais uniquement pour les salariés en emploi. Environ un dixième de la population active non salariée manque donc à l’appel alors que de nombreux indépendants comptent précisément parmi les plus hauts revenus. La moitié des riches et 58 % des super-riches sont cadres supérieurs, soit respectivement environ cinq fois plus que la part de cette catégorie sociale dans le reste de la population. Les cadres d’entreprise, qu’ils soient administratifs, commerciaux ou techniques, sont surreprésentés. Logiquement, c’est l’inverse pour les ouvriers. On remarquera tout de même que 6 % des riches et 4 % des super-riches sont ouvriers. Il s’agit probablement d’ouvriers qui ont d’autres ressources que leur salaire, en provenance par exemple d’un patrimoine hérité.

Des cadres supérieurs, quinquagénaires ou sexagénaires, plutôt en couple sans enfant, propriétaires et vivant en région parisienne. Voici le "portrait-robot" de la France qui va bien, riche ou super-riche.

 

Salariés en emploi. Lecture : 51 % des salariés riches sont cadres supérieurs, alors que les cadres représentent 11 % de la population la moins aisée.

Source : Insee – Données 2014 – © Observatoire des inégalités

 

 

 

Les riches sont-ils des hommes ?

Un critère fondamental manque à l’appel dans notre portrait-robot : le sexe. L’Insee ne présente pas de données selon le genre sur les hauts revenus. La plupart des couples partagent en effet leurs revenus. En termes de niveau de vie, il est difficile de faire une distinction.

Reste que si l’on prend en compte les ressources à la base, au vu des niveaux de salaire plus faibles pour les femmes, on peut assez facilement conclure que ces dernières sont nettement minoritaires parmi les riches et encore plus parmi les super-riches. Les riches sont donc aussi des hommes, pour la grande majorité.

 

 

1.  Voir « Les très hauts revenus en 2015 », Marie Cécile Cazenave-Lacrouts, in Les revenus et le patrimoine des ménages, coll. Insee Références, Insee, édition 2018.