Le télétravail aurait fait grimper la productivité des salariés de 22 %

Cet article du Figaro permet d'analyser l'impact du télétravail sur la productivité des travailleurs dans le contexte de la crise sanitaire.

Selon les calculs de l’institut Sapiens, cette efficacité a notamment contribué à préserver plus de 200 milliards d’euros de PIB en 2020.

 

« Le télétravail rend les salariés plus efficaces. C’est ce qui ressort de l’étude publiée ce lundi par l’Institut Sapiens. Selon le think tank, la productivité des employés travaillant à distance a augmenté de 22 %. Un chiffre, indique les auteurs, tiré d'une étude du cabinet Kronos sur le télétravail datant de 2016 mais toujours d'actualité. "Notre laboratoire travaille de son côté sur une modélisation par rapport au premier confinement. Dans ses premières estimations, il est à 23 % de hausse de la productivité, ce qui recoupe le chiffre de Kronos. Pour nous cette donnée est donc totalement pertinente, même quatre ans après", explique Erwann Tison, directeur des études de l'Institut Sapiens

 

Les raisons sont multiples. Parmi elles, une réduction des "distractions et perturbations", selon les auteurs, telles que les pauses-café, les déjeuners à rallonge, les bruits environnants ou encore les "réunions inutiles et chronophages qui nuisent à la productivité". Le temps de trajet économisé s’est par ailleurs transformé en temps d’activité ou en temps de sommeil économisé, permettant aux salariés d’être en meilleure forme.

 

Conséquences positives sur le PIB

Autre élément positif : le travail à distance permettrait d’augmenter la motivation et la responsabilisation des salariés. Ces derniers ont par ailleurs une meilleure gestion de leur emploi du temps. Les auteurs de l’étude pensent également que le télétravail permettrait de résoudre "les nombreux dysfonctionnements managériaux", souvent source de conflit ou d’absentéisme.

 

Ces effets positifs ont eu des conséquences économiques concrètes depuis que le télétravail s’est imposé aux Français l’an dernier, assure l’institut Sapiens. En permettant aux entreprises de poursuivre leur activité avec des gains de productivité, le télétravail aurait ainsi permis de sauvegarder entre 216 et 230 milliards d’euros de produit intérieur brut (PIB) en 2020. La fourchette se situerait entre 167 et 173 milliards de PIB lors du premier confinement, et entre 49 et 57 milliards lors du second, en novembre.

 

Effets pervers

Mais attention : le télétravail n’est pas forcément la panacée. Tout d'abord, "il ne correspond pas à tous les profils", expliquent les auteurs de l'étude. Les gains de productivité dépendent aussi du contexte dans lequel ce télétravail est réalisé. "Pour de nombreux néo-télétravailleurs ou parents télétravaillant, ce gain de productivité originel serait en fait gommé soit par la période d'adaptation à cette pratique, soit par le potentiel dérangement représenté par la garde d'enfants", précise l'Institut Sapiens.

Par ailleurs, s’il s’impose sur le long terme, à 100 %, sans suivi, il pourrait avoir l’effet inverse en entraînant une perte de productivité pouvant aller jusqu’à 20 %. "Il y a une productivité marginale décroissante qui arrive avec un télétravail à 100 %, raison pour laquelle nous ne préconisons pas un recours total à cette pratique dans notre étude, mais plutôt 2 à 3 jours par semaine (ratio optimal selon nos estimations)", explique Erwann Tison.

 

De nombreux salariés, lassés d’être tenus éloignés de leur bureau et de leurs collègues, font état de leur mal-être. Une enquête Harris interactive publiée le mois dernier indiquait une augmentation du sentiment d’isolement, de stress et d’angoisse parmi ceux qui télétravaillent.

Conscient du problème, le gouvernement a fait évoluer le protocole sanitaire en entreprise en janvier pour permettre à ceux qui le souhaitent de revenir au bureau une fois par semaine. Entre-temps, les partenaires sociaux ont signé un accord national interprofessionnel (ANI) sur le télétravail censé mieux encadrer la pratique. Mais comme le martèle la ministre du Travail, Élisabeth Borne, la situation épidémique toujours inquiétante impose plus que jamais le recours au télétravail qui permettrait une réduction de 20 % à 30 % du risque de contamination. Les entreprises qui ne jouent pas le jeu s’exposent à des sanctions, rappelle-t-elle. Cinquante-deux mises en demeure ont ainsi été prononcées par l’Inspection du travail depuis le mois d’octobre dernier, selon le ministère du Travail. »