Pénurie de matières premières : les entreprises bretonnes du bâtiment en grande difficulté

Cet article permet d'illustrer les conséquences de la pénurie de matières premières liée à la crisesanitaire sur l'activité des entreprises, dans le secteur du bâtiment en Bretagne.

C'est inédit dans le secteur du bâtiment : les prix des matières premières s'envolent, les délais de livraisons se rallongent, à cause d'une pénurie mondiale. Une crise qui inquiète les entreprises bretonnes du bâtiment.

 

« Si vous avez voulu acheter du bois ces derniers temps, vous l'avez peut-être remarqué : en Bretagne, comme partout ailleurs, les prix ont doublé pour certains types de bois comme les résineux par exemple. Il faut parfois attendre aussi un certain délai pour se faire livrer. Toutes les matières premières comme l'acier, le plastique, le cuivre sont concernées. Tout cela est dû à une pénurie mondiale, liée à une forte demande notamment des États-Unis et de la Chine, qui saturent le marché.  

Du jamais vu dans la filière française. Et les entreprises bretonnes du bâtiment en souffrent, comme l'entreprise de construction de maison Le Berre Joncour à Pont l'Abbé dans le Finistère. Dans son bureau, Yves Madic soupire. Le co-gérant de l'entreprise a énormément de mal à trouver certains bois : "le sapin, lamellé-collé, les panneaux de contreplaqué." Mais aussi l'acier. "L'acier, oui, les prix de l'acier ont monté de 20 % depuis le début d'année, le prix des matériaux ont augmenté de 5 à 10 % dans l'ensemble depuis quelques mois." 60 % même pour le sapin. Pénurie mais aussi retard dans les délais de livraison pour tout ce qui est portes et fenêtres : "On avait avant entre 8 et 10 semaines de délai, on est passé à 18 semaines. On ne peut pas démarrer un chantier et le bloquer en attendant la livraison, donc on est obligé de déplacer son démarrage."

Des chantiers retardés, et la facture des consommateurs qui augmente. Résultat, certains hésitent comme cette famille qui voulait faire une extension. "Elle souhaite attendre parce qu'en fait, sans avoir rien changé en prestation et en dimension, les prix ont augmenté, dû au coût des matériaux qu'on a employé." Cette situation inquiète Yves Madic. "Si la hausse des prix se poursuit, est-ce qu'on n’aura pas moins de demande et donc moins de réalisation, ce qui pourrait avoir un impact sur la production et le manque de travail qu'on pourrait avoir à l'avenir ?" 

Cette crise des matières premières est due à des causes multiples, analyse Arnaud Lieuré, le dirigeant de Ouest Wood Habitant, une entreprise de construction de maison à Pont L'Abbé dans le Finistère. "Entre la Chine qui achète des grumes de bois, les Américains qui ont dévalisé les pays scandinaves en bois, et puis les fabricants n'ont pas vraiment géré la crise sanitaire, ce qui fait que c'est maintenant que nous rencontrons des problématiques." Pour Arnaud Lieuré, ce sont les clients qui en paient les premiers les conséquences. "Avant, j'avais une validité de devis de deux mois, je suis passé à un mois parce qu'entre quinze jours et un mois, les tarifs bougent, et de façon très disproportionnée."

Selon la Fédération française du bâtiment, la crise devrait encore durer plusieurs mois. Elle demande au gouvernement la mise en place du chômage partiel si cela continue. Toujours selon la Fédération Française du Bâtiment, en France, 15 % des entreprises ont peiné à continuer au moins un chantier durant l'été. »