En Espagne, le salaire minimum porté à 1 050 euros, soit 22 % de hausse

Le gouvernement espagnol a décidé d'augmenter le salaire minimum de 22 % en 2019. Cette hausse, la plus importante depuis 1977, vise à améliorer la sitaution des travailleurs pauvres et à relancer la consommation des ménages. Quelles peuvent être les conséquences économiques d'une telle mesure ?

Depuis sa sortie de crise en 2014, les salaires n’avaient pas suivi la reprise économique.

Au moment où Emmanuel Macron a annoncé une hausse de 100 euros par mois pour le smic en France pour répondre à la colère des Gilets jaunes, l’Espagne va donner un sérieux coup de pouce au salaire minimum.

Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol, a annoncé ce mercredi qu’il décréterait la hausse de 22 % du salaire minimum pour 2019. Cette "hausse la plus importante depuis 1977" qui devrait être actée lors du Conseil du 21 décembre va porter le salaire minimum en Espagne à 1 050 euros brut contre 858 euros actuellement.

Cette augmentation spectaculaire du salaire minimum va réduire le fossé qui existe sur le salaire minimum par rapport à d’autres pays de l’Union européenne. En 2018, le smic dans l’UE oscille entre 260,76 euros brut par mois en Bulgarie à 1 998,58 euros au Luxembourg.

Seulement sept pays de l’UE (France, Allemagne, Benelux et îles britanniques) ont des smic supérieurs à 1 000 euros par mois. Évidemment, ces salaires minimum tiennent compte du niveau de vie dans les différents pays. C’est pourquoi il ne faut pas s’arrêter à ces chiffres bruts mais tenir compte de la situation économique des pays pour évaluer ce que représente réellement cette rémunération par rapport au pouvoir d’achat.

 

" Un plan pour un travail digne "

Or, depuis sa sortie de crise en 2014, les salaires en Espagne sont loin de suivre la croissance économique qui depuis trois ans est de l’ordre de 3 % par an et qui devrait être, selon le FMI, de 2,5 % en 2019.

Même si le chômage en Espagne est passé à 14,55 % au deuxième trimestre 2018 contre près de 27 % au plus fort de la crise fin 2013, le pays reste toujours l’un des plus mauvais élèves de la zone euro après la Grèce. Par ailleurs, le pays doit faire face au problème du nombre important des travailleurs pauvres. Près d’une personne travaillant sur six (15 %) vit actuellement dans la pauvreté dans le pays, selon le ministère du Travail.

En raison du taux de chômage élevé mais aussi du "gel des salaires" pendant les années de crise, depuis deux ans, la progression du salaire réel en excluant l’inflation est, selon l’OCDE, négative. Une situation qui de fait bride la croissance économique et la consommation dans le pays.

Juste après son arrivée au pouvoir en juin, Pedro Sanchez, le chef du gouvernement socialiste avait annoncé "un plan pour un travail digne". Au mois d’août, le ministère du Travail avait ciblé près de 80 000 entreprises soupçonnées d’abuser du recours aux CDD. Dès le mois de septembre, cela avait abouti à la conversion de 47 000 contrats en CDI.